samedi 4 septembre 2010


Pas glop.

Bon, fallait bien que ça arrive un jour hein... Le petit coup de blues post-euphorie du départ et de la découverte d'un nouveau pays... La faute à quoi ? À qui ? Je me sens déjà suffisamment mauvaise maman en ce moment pour en rajouter en disant que c'est la faute des filles... Leurs disputes incessantes, leurs cris, leurs sollicitations permanentes, leur remue-ménage dans tous les coins de la maison, me sont insupportables depuis des semaines, encore plus ces jours-ci à cause de la fatigue dont je n'arrive pas à me défaire. Mais elles, je pense qu'elles sont juste « comme d'habitude »...
C'est moi qui n'encaisse pas. J'ai beau essayer d'avoir le sourire et de leur proposer des temps de détente (séance maquillage du visage tout à l'heure), je n'y arrive pas. Je me pousse hein... mais je n'y arrive vraiment pas. Je suis donc la maman ronchon et braillarde que je déteste être. Je regarde passer le temps, attendant qu'arrive la journée suivante, et me désespérant que l'école ne reprenne que dans... pfff, beaucoup trop de jours ! Mère indigne, n'est-ce-pas ?
Et pour de vrai, pas pour le fun.

Et puis la faute à... tout en vrac : un appart certes joli et grand mais très sonore, pas très meublé, et surtout loin de tout ; un emploi du temps tout à coup totalement vide, moi qui courais partout jusqu'à il y a encore trois semaines (les copines de la halte-garderie, si vous saviez comme je pense à vous ! alors, ce forum des associations aujourd'hui ? il s'est bien passé ?) ; un ciel tout le temps bleu, une chaleur qui m'écrase et me retire toute énergie ; un grand sentiment de solitude, pas encore vraiment d'amies ici, quelques chouettes personnes avec qui j'apprécie de passer du temps mais... « c'est pas pareil », ici je ne peux pas passer boire un café le matin ou recevoir la marmaille des autres pour le goûter après l'école.
Tout cela viendra plus tard, je le sais bien, et je sais donc aussi (et heureusement) que ce coup de mou ne sera que passager, que plus tard quand je viendrai relire tout ceci, je me dirai « oh je l'avais oublié, ça... » Mais sur le coup, là, c'est vraiment dur. La boule dans la gorge, celle qui fait mal et qui revient à la surface dès que quelqu'un me demande « ça va ? ». LA question à ne pas me poser.

Ce soir, il y a une fête de départ en retraite de quelqu'un de l'ambassade, et nous y sommes conviés ; mais je n'ai aucune envie d'y aller, pas envie de dire que ça va alors que ça ne va pas, pas non plus envie de dire que ça ne va pas... Je suis compliquée, ça, ça ne change pas !
Obstacle supplémentaire : cette fête se déroule en dehors de Damas, dans je ne sais quelle ville du coin, et il faudrait que je conduise de nuit avec cette voiture énorme que je n'ai pas encore le sentiment de maîtriser tout à fait, moi qui déjà en France n'aime pas conduire de nuit, là non, c'est au-dessus de mes forces ; les routes sont très mal éclairées ici, et les gens traversent n'importe comment, bref, je ne suis vraiment pas assez en forme pour faire face à tout ça ce soir.
Olivier travaille, pour remplacer un collègue méchamment blessé depuis hier, et ça va être souvent comme ça. Il faut que j'accepte de passer beaucoup de temps seule avec les filles, ça me file le vertige. Je le savais pourtant, mais là je le vis, et c'est tout à fait autre chose.

Alors qu'est-ce que je pourrais faire pour renverser la vapeur ?
Sortir au club où vont tous les expats ? Certes, on y a passé une chouette journée, les filles se sont éclatées dans la pataugeoire ; mais l'idée de traverser ce no man's land, cette misère énorme, pour aller dans cette oasis de luxe à l'abri des regards, ne me séduit pas du tout, me met vraiment mal à l'aise. J'apprendrai peut-être à passer outre tout ça, mais pour le moment c'est trop présent dans ma tête.
Reprendre un peu mes travaux de couture ? Ah ça, j'adorerais, mais jusqu'ici, pas moyen de trouver une machine, et je n'ai pas fait venir la mienne. J'en rêve pourtant... mais je dois me contenter de mes rêves !
Emmener les filles en balade ? C'est vrai, souvent, « avant », quand j'avais des coups de blues, il suffisait qu'on sorte et qu'on prenne l'air pour que ça aille mieux. Mais ici, les environs ne sont pas tellement attrayants, ça grimpe beaucoup au retour et ça les fatigue d'avance, et la voiture ne leur fait pas envie non plus... ni à moi d'ailleurs.

Je n'ai pas d'autres idées pour le moment. Ca ira mieux demain... peut-être ? On arrivera peut-être à se motiver demain matin pour essayer de trouver la médiathèque jeunesse ; je crois même que je peux y arriver toute seule en voiture. Cela fera peut-être l'objet d'un nouveau billet ici, plus réjouissant j'espère. En attendant, pensées pour tous ceux d'entre vous qui ont repris le chemin de l'école cette semaine, d'un côté du bureau ou de l'autre, élèves ou profs. Il y a ici trois fillettes qui vous envient... et une maman aussi !

(Quant aux commentaires, je les lis tous, même si le blog ne m'est pas accessible ici mais est mis à jour grâce à une complice qui se reconnaîtra ; par contre je n'ai pas réussi à répondre à tout le monde, pardonnez-moi ; je fais de mon mieux)

6 commentaires:

  1. Ma crêposuc, ça me fait mal au coeur de lire tout ça, de se sentir si inutile de ce côté-ci.

    Déjà, quand les filles vont commencer l'école, tu auras plus de temps pour toi, pour justement faire toutes ces choses qu'on aimerait faire qd on court partout sans pouvoir y arriver.
    (tu me ferais un blog spécial cours d'espagnol, par exemple ? :D)

    Ensuite, le coup de blues, il est normal, mais pas anodin. Avant toute chose, je crois que tu as raison de ne pas faire ce qui ne te donne pas envie. Tu as 4 ans pour rencontrer des gens, sortir, etc... Alors ce soir, maison, calins, et papotage. Internet te permet de ne pas être loin de nous alors profites-en qd les filles seront couchées, pourquoi pas !

    je t'embrasse fort ma Fred.

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  2. oh ma fredo, toi qui m'a si doucement tendu la main plus d'une fois...
    Des kilomètres nous séparent mais je te tends la mienne cette fois et je t'envoie une tonne de pensées.
    Je me sais incapable de me lancer dans l'aventure que vous démarrez, je vous admire je te l'ai déjà dit. Après les dernières semaines (mois) que tu as passé en France, il est bien normal que tu accuses le coup.Courage, courage. Tout va se mettre en place petit à petit, et dans quelques temps, je suis sûre que tu auras bien de quoi t'occuper.
    On pense bien à vous d'ici.
    Bises

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  3. Pensées ma Belle, et mail pour te soutenir. Pour ta machine , Olivier ne peut il trouver qq un qui t'en rapporte une de France ? qq du boulot qui rentre ou qui ait de la famille qui lui rendre visite ?
    Sinon tu prépares toute tes couture, faufile etc... et cela attendra le retour de janvier et le Papa Noël breton qui ne manquera pas de t'en mettre une dans tes souliers.

    Y'a plus qu à se mettre au tricot ou au crochet (en fil de coton !).

    Ou alors tu te mets à jour dans tes albums photos, ou encore tu brodes, ou, ou, ou...

    Grosses pensées !!!

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  4. Bonsoir,
    je ne te connais pas mais en passant par le blog de Ciloubidouille je suis arrivée sur le tien.
    je voulais juste te dire que tu m'épates, moi qui stresse à l'idée que mon mari puisse être muté à Nantes et m'amène à quitter Rennes... Alors je t'envoie des encouragements de France. Donne toi le droit d'être parfois une maman indigne (j'ai trois petits, je frise parfois l'indignité quand je gère mal le stress lié au travail)cela leur permet d'apprécier encore plus quand on redevient une super maman. Pas d'urgence pour aller se frotter à la circulation. Bonne continuation.

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  5. Oh là là quelle émotion de te lire...surtout que je suis complètement dans le même état d'esprit en ce moment....étonnant ? huuuum, non !!!
    on se soutient mutuellement ?
    ça te dit ? ;-)
    Je viens de m'inscrire à la new letter !!!
    gros bisous

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  6. Coucou à toi !
    Eh oh, accroche-toi...
    Ne baisse pas les bras, toi qui est si dynamique, si enjouée, si souriante d'ordinaire, c'est normal d'avoir une baisse de régime, une baisse de moral avec toute l'énergie que tu as dépensée avant de venir, il te faudra un certain temps avant que tes batteries ne se rechargent :
    Mais non tu n'es pas une mauvaise mère, ni une mère indigne.
    Mais si tu vas y arriver, tu vas te faire de nouvelles connaissances, de nouvelles amies, mais cela ne se fait pas en quelques jours, car cela ne fait que quelques jours que vous êtes arrivées là-bas, tout là-bas, si loin !
    Il faut que tu te forces à sortir, à rencontrer du monde, évidemment cela passe par prendre la voiture, à aller dans ce club d'expat' mais bon une fois que tu auras fait connaissance, tu pourras laisser ce club si effectivement le principe ne te plait pas.

    Malheureusement de si loin, on ne peut pas passer d'un coup de voiture te voir, on ne peut que penser très fort à toi et te dire qu'on est là ! (ce n'est pas grand chose je l'admets quand on passe par une phase comme celle-ci! mais c'est déjà ça).

    On te fait ainsi qu'à toute ta tribu de GROS GROS BISOUS..........

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